L’esthétique de la résistance
Un projet d’exposition collective de Libre Artistes
A l’occasion du 80e anniversaire de la Libération de La Tarentaise par les maquis de la Résistance savoyarde, Libre Artistes a pris l’Esthétique de la résistance comme thème d’une première exposition collective dans un ou plusieurs lieux de la Vallée à déterminer en 2024.
Ce parti-pris fait écho au titre du roman de Peter Weiss (1916 – 1982) dans lequel de jeunes allemands décident de résister au fascisme entre 1933 et 1945.
Leur résistance entre en résonance avec différentes œuvres d’art rencontrées à Berlin où ils vivent, mais aussi en Espagne et à Barcelone où le narrateur s’engage dans les Brigades internationales, à Paris où ce dernier visite le Louvre, à Stockholm où il finit par s’exiler (comme Peter Weiss).
Dans ce roman, La résistance se confond avec l’histoire de l’art, de l’antiquité, notamment grecque, jusqu’aux siècles récents avec, entre autres, Poussin, Delacroix, Goya, Gaudi, Malevitch, Picasso,…auxquels on pourrait aujourd’hui ajouter parmi les femmes Camille Claudel, Berthe Morisot, Sonia Delaunay, Frida Kahlo, Louise Bourgeois, Niki de St Phalle, Sophie Calle…
Mais la Résistance c’est quoi ? C’est le refus d’être soumis ou assujetti, d’être le jouet d’une domination, de l’arbitraire d’un pouvoir, d’un contexte dangereux dont l’issue, pour soi ou pour une communauté, est un affaiblissement, une privation, une oppression, une contrainte, une suppression, …
La résistance est une opposition à des forces de destruction et un engagement personnel ou collectif pour contrer ce qui risque d’annihiler brutalement ou sournoisement un existant, une légitimité, un sentiment d’être, une raison de vivre…
La résistance s’exerce par le combat, par la violence ou la non-violence, par l’organisation, la prise de risque, la ténacité, mais aussi par la ruse et la fuite, et encore par l’espoir, par le langage, la pensée, la créativité.
L’histoire des arts témoigne de la capacité du vivant et de l’humain à lutter contre l’enfermement, la déchéance, la souffrance, la démission face aux catastrophes, aux guerres, aux maladies, aux injustices, à l’abandon et la solitude…
Résister c’est sans doute au fond choisir la vie et d’être soi, choisir de maîtriser sa peur de la différence, avoir le courage de mettre à distance les prêts-à-penser, la propagande, la paresse intellectuelle, l’à-quoi-bonisme, les dénis, la facilité. C’est aussi lutter contre la lassitude, l’abattement et les dépressions insidieuses apportées par le sentiment du néant et la proximité de la mort.
L’Association Libre Artistes propose aux quelques 60 artistes de Tarentaise qui en sont membres à s’exprimer librement sur ce que signifie aujourd’hui, pour eux, la Résistance et à l’illustrer par une œuvre picturale, photographique, plastique, poétique, musicale, totale…
En introduction au roman de Peter Weiss : « l’Esthétique de la résistance, c’est aussi l’art comme résistance, et non comme refuge ou lieu de fantasmes. Les œuvres d’art invitent à la découverte de l’expérience esthétique pour renouveler l’expérience globale du monde, de la vie, des autres savoirs ».
Christian Le Mouëllic, Jean-Pierre Quignaux, Franck Reinhardt Janvier 2024