La Droguerie des Créateurs
La Droguerie des Créateurs
Exposition du 25 janvier au 5 février 2018
Jean-Luc Favre et Christian Le Mouëllic : une collaboration autour de Roger Laporte
Exposition de photographies et de dessins à la Droguerie des Créateurs, Grande Rue à Bourg Saint-Maurice (Savoie) du 25 janvier au 5 février 2018, à l’occasion de la parution du livre L’MMORTELLE, texte de Jean-Luc Favre et illustrations de Christian Le Mouëllic (68 pages, tirage limité, numéroté signé, Les Lettres du Temps).
Vernissage le jeudi 25 janvier à 19h.
Roger Laporte est né à Lyon en 1925 où il étudie l’histoire et la philosophie. Il consacre une thèse à Marcel Proust sous la direction de Merleau-Ponty. Très vite, il rencontre Maurice Blanchot et Emmanuel Lévinas. Roger Laporte ne se considère pas d’emblée comme philosophe mais plus modestement comme professeur de philosophie, matière qu’il va enseigner à Alger, à Millau ou encore à Montpellier. En 1984, il est nommé directeur de programme au Collège International de Philosophie. Et très vite, il va devenir écrivain. Auteur de carnets, d’études critiques, c’est en 1963 avec la parution de La Veille que débute ce qui va devenir une « biographie », un ensemble de neuf textes rassemblés en 1986 par les éditions POL sous le titre Un vie. Marié avec Jacqueline, il est le père de trois enfants. Les auditeurs de France Culture connaissent son fils Arnaud qui anime l’émission La Dispute. Il décède en 2001. Son œuvre est difficile, abstraite, et sans référence au monde extérieur.
Jean-Luc Favre fortement influencé par les « écritures blanches », celles qui ne résultent de rien, outre Maurice Blanchot, et Samuel Beckett, mais aussi André Du Bouchet, Alain Veinstein, Martine Broda, Claude Royet Journoud, a été amené à rencontrer l’œuvre silencieuse et magistrale de Roger Laporte. Une correspondance aussi lapidaire que brève en est le témoignage simple et fulgurant. Roger Laporte, ne pouvait plus lire, ni même écrire.
Pour Christian Le Mouëllic, la découverte est plus récente. Elle s’est faite au travers d’un texte du peintre Michel Parmentier :
« Notre survie (mais la vôtre surtout) ne consiste pas, ou pas entièrement, à consommer un peu de Bonnard, un peu de Piero (pour ceux d’entre vous qui êtes en vacances ailleurs qu’au club Med), ni surtout le dernier muscadin de chez Templon. C’est trouver un petit fil élémentaire. Quelque chose comme font, ailleurs, Lévinas ou Blanchot, ou Beckett, ou Laporte. Nous en revenons toujours là. Presque le silence. Mais dit.» [1]
Lévinas, Blanchot, Beckett, Christian connaît mais pas Laporte, et la lecture de Une vie devient une vraie découverte avec des idées de dessins.
Un jour, Christian Le Mouëllic prête à Jean-Luc Favre une édition de Moriendo, un des textes deUnevie, avec des notes et des dessins sur la couverture et les pages du texte, et lui offre une série de dessins sur calque en rapport avec Laporte. Jean-Luc, plus tard, lui rend Moriendo avec ses propres annotations. La collaboration autour de Roger Laporte est lancée.
Quelques temps plus tard, c’est Jean-Luc qui remet à Christian le manuscrit de L’Immortelle, dédié à Roger Laporte, en vue de l’illustrer. Pour Christian, ce texte est très musical. La ligne que l’on retrouve en gras dans la plupart des pages évoque une « basse continue » et, le chapitre IV les versets un chœur. C’est de là que vient l’idée de dessins sur partition. Le livre est maintenant disponible dans un tirage limité à 50 exemplaires, numérotés et signés par les deux auteurs, aux éditions Les Lettres du Temps.
A l’occasion de la parution de ce livre, Jean-Luc et Christian exposent ensemble à la Droguerie des Créateurs à Bourg Saint-Maurice : des photographies pour Jean-Luc, et des dessins pour Christian.
C’est avec les mots qui suivent que Jean-Luc Favre présente son travail :
« Le corps insoluble et souffrant, un élément clé dans l’œuvre de Roger Laporte. Un appel (d’air ?) en quelque sorte qui détermine différentes articulations synoptiques diversement vécues au cours de la vie (mais quelle vie au juste ?) avec en arrière-plan l’idée d’un binôme complexe : construction/destruction. Il n’en fallait pas moins pour réinventer au travers de ces œuvres, « le sens du vent ». Le vent ! Rien que le vent ! Pour dire et montrer combien le corps reste fragile, tantôt dans la perte, tantôt dans l’élévation de ce à quoi il prétend être …»
Christian Le Mouëllic présente lui un triptyque de trois dessins sur calque (100 x 180 cm) intitulé Mais quelle est donc cette douceur, cette terrible douceur ?
Ce titre, ce sont les mots de la dernière phrase de Moriendo qui est aussi celle de Une vie, et même pour certains de l’œuvre de Roger Laporte.
Chaque dessin porte son propre titre, celui d’une expression que l’on trouve dans la dernière page de Moriendo, des mots finalement récurrents dans toute l’œuvre de Roger Laporte : le Lieu ultime, l’écart, et une figure sainte.
[1] Dire, redire, et bafouiller … dans Michel Parmentier – Textes et entretiens aux éditions Black Jack p.109